Pourquoi des randonnées sur Saint-Sernin-du-Bois plutôt que sur d'autres territoires ? Tout simplement parce que, sur cette commune, le dimanche, il n'y a pas de chasse en forêt domaniale .
La pluie torrentielle de la nuit, les
crues brutales de nos rivières, les coulées de boue ici ou là et une averse
violente en tout début d’après-midi en
ont dissuadé plus d’un. Pourtant les 11 participants auront bénéficié d’un ciel
clément avec même des moments ensoleillés. Ce serait mentir de vous dire qu’ils
n’ont pas rencontré quelques belles flaques et des passages boueux mais
seulement sur 3 ou 400 mètres par rapport aux 9 km du parcours et parce qu’ils
l’ont bien voulu.
Jacques conduit le groupe et comme
toujours, il a préparé sérieusement son affaire. A force de fréquenter la
commune, à force d’ouïr les commentaires de Gilbert, à force de consulter
internet, nous devrions tout connaître de St Sernin mais tout comme pour la
grippe, nous avons besoin, chaque année d’une piqûre de rappel.
Commune de 1800 habitants, St Sernin s’étend sur une
superficie de 1500 ha, avec des altitudes allant de 318m à 540m. Sa partie sud descend
jusqu’à la vallée du Mesvrin. Des dinosaures herbivores paissaient sur ses
plateaux. La voie antique qui allait d’Autun à Mâcon traverse le village et des
vestiges sont toujours visibles tels que des piliers d’autel, des statues et
plusieurs portions de voie romaine.
Du prieuré du XIème siècle au barrage édifié par
les Schneider, le bourg recèle de nombreux attraits que l’on retrouvera dans le
sympathique musée que les Amis de St Sernin ont créé dans le donjon.
Nous passons sur la digue du barrage. Une petite bise
paralyse la langue de Jacques mais il se rattrape dès que nous avons atteint un
endroit tant soit peu abrité.
En 1861 la ville et
l'usine du Creusot, alors en pleine expansion, manquent de réserves d'eau
suffisantes, les besoins sont de 5000 m3 jour dont 2 000 pour les machines
à vapeur et locomotives
En 1863 : Un captage est établi sur le ruisseau de St
Sernin en aval du barrage actuel, sous la digue de l'étang de la Velle (qui
existait déjà au 18ème siècle). Une conduite en fonte moulée de 8 km et de 40
cm de diamètre va jusqu’à la Verrerie. Elle passe dans le pont des Vernizeaux
et emprunte un tunnel de 425 m sous la Marolle (tête visible dans la montée)
(Dénivelée 17 m)
Le débit maxi de 11 000 m3 jour tombe à 500 en période
de sécheresse.
En 1875, les besoins sont de 20 000 m3. Ce sont
alors les captage du bas Rançon et leurs conséquences économiques pour les Broyants (Pont d’Ajoux, Louvetière …) via Marmagne.
La
Velle est agrandie.
En 1915 est opéré le captages du Haut Rançon (40 000
m3) raccordé aux Vernizeaux
En 1921 est mis en service le barrage de St Sernin ;
17 ha - 880 000 m3
Il est construit de1917 à 1922 sur le modèle du Lac de la
Mouche (près de Langres pour alimenter le canal Marne/Saône)
C’est un barrage voûte creux (31 puits de visite) ayant
nécessité 17 000 m3 de maçonnerie dont 500 m3 de granit de Bouvier
taillé.
En 1975 Creusot
Loire cède le barrage de St Sernin à la CUCM
La totalité des captages serait de l’ordre de 60 000 m3
jour.
Le détournement de ces eaux n’a fait l’objet que de maigres
compensations au profit des communes.
Nous arrivons le souffle court au sommet d’une petite côte,
et sur les genoux au bas de la descente qui suit.
Nous ne voudrions manquer
pour rien au monde la cascade du Bas de Chêne, frustrés que nous avions été en octobre par
le manque d’eau à la cascade de Brisecou. Nous ne sommes pas déçus mais il n’est
plus question de traverser le ruisseau. Un demi-tour s’impose.
C’est reparti pour une nouvelle côte. Ce sera la dernière
puisque nous arrivons sur le plateau.
La surface boisée de la commune représente approximativement
600 hectares dont 435 ha de forêt domaniale.
Jusqu’au XVIIIème siècle, la forêt se partageait
(non sans contestations !) entre la Maîtrise des Eaux et Forêts (royale)
et la terre de Prodhun, dépendance de l’abbaye de Maizières.
Des bornes à la
fleur de lys ou à la mitre d’évêque jalonnent les limites.
L'Abbaye de Maizières (50 km Ouest) est une ancienne abbaye
cistercienne du XIIéme..
Nous faisons un crochet par la fontaine Bayart, pierre à
légende inspirée de l’épopée médiévale des Quatre Fils Aymon qui conserve l’empreinte
du cheval Bayart dans la roche où l'eau reste longtemps. Les pierres à bassin
ont servi de supports aux innombrables "pas de Saint-Martin" ou
autres héros de légendes.
La Fontaine Ricard n’a rien à voir avec le breuvage à goût
d’anis mais viendrait de Richard, un des fils Aymon.
Nous passons devant la maison du Chancal, surnom donné à un
habitant du lieu, haut en couleur et apprécié pour ses qualités de chasseur et
de braconnier (1882 -1960). On peut lire le joli récit d’Alain Dessetenne sur
le site de St Sernin.
La maison est aujourd’hui habitée par un suisse. Il
revendique son identité par ses volets pavoisés aux couleurs du Pays de Gex.
Quant au surnom de « Chancal », si vous avez des informations …
Au Moy, nous recueillons quatre randonneuses hésitantes
quant à leur itinéraire. C’est à partir de là que nous suivons des sentes
mi- fossés, mi-chemins plutôt qu’une belle route forestière, elle aurait trop
raccourci le trajet. Nous voilà à nouveau sur une voie acceptable mais elle se
mérite. Pour y parvenir, il faut franchir un fossé gorgé d’eau. Des mains
masculines secourables se tendent pour aider les dames. Pascal attend en vain
des mains féminines secourables.
Nous apprécions les feuillus qui arborent des teintes chaudes avant de se trouver dépouillés par les premières grosses gelées
Nous descendons en direction des Morlots et faute de passeur
pour traverser le plan d’eau, nous contournons le lac. Cela nous a mis en
appétit et comme les coffres regorgent de réserves, nous ne nous faisons pas
prier pour déguster des pâtisseries variées, histoire de regagner les grammes
perdus en balade.